A qui la faute ? de Sophie Tolstoï, réponse à La Sonate à Kreutzer de Léon Tolstoï

Albin Michel a publié il y a quelques semaines une nouvelle traduction de La Sonate à Kreutzer, mais surtout A qui la faute ? de Sophie Tolstoï, roman posthume, publié pour la première fois en France, de celle qui fut dans l’ombre pendant des décennies. Certes, on ne présente plus Tolstoï (quoi que…) que la plupart connaissent via la grande figure d’Anna Karénine qui me laisse encore un vif souvenir bien que la lecture soit lointaine.

Le livre débute par la voix féminine de Sophie qui souhaite répondre à son mari en empruntant ses propres armes. Bizarrement, l’éditeur a donc chois de commencer par la réponse… Soit ! (si quelqu’un a l’explication, je suis preneuse…) La nouvelle se lit facilement et le sujet peut paraitre léger, voire simpliste : elle oppose à la « bestialité masculine » les aspirations plus spirituelles de la femme, à travers le personnage d’Anna, épouse tourmentée, déçue de son mariage avec le Prince Prozorski et troublée par sa rencontrer avec Bekhmetiev.

Ensuite, lisons cette Sonate (on peut d’ailleurs aussi écouter celle de Beethoven en même temps ; c’est toujours épatant). Lors de sa parution en 1891, ce récit fit l’objet d’une violente polémique et Sophie y vit, sans aucun doute, une attaque personnelle. Si la Sonate fit tant de bruit, c’est qu’elle exprime froidement un dégout pour le mariage et la sexualité. Le narrateur écoute le récit de Pozdnychev, mari jaloux et meurtrier de sa femme adultère, pendant un long voyage en train.

Ah, le train… Un élément déterminant chez Tolstoï et tellement révélateur de son époque.

Je vais arrêter les digressions sur Tolstoï, sa vie, son œuvre, mais si tout cela vous intéresse, je vous invite l’excellent dossier paru dans le Magazine Littéraire de novembre sur cet auteur.

Ce que j’en ai pensé ? Effectivement, les deux voix sont extrêmement discordantes mais, au final, personne ne l’emporte…. Sophie est tout compte fait bonne avocate de sa cause et n’a rien à envier à son mari. Les tons sont très différents, les univers et les décors également, mais chacun dépeint des aspects de la vie de la Russie des Tsars du XIXe ce qui fut un vrai bonheur pour moi, sans surprise !

Bien sur, ce ne sont pas forcement des choix de lecture pertinents pour aborder Tolstoï ou la littérature russe mais cette joute littéraire à laquelle se sont livrés mari et femme est au final un duo qui s’orchestre plutôt bien malgré quelques désaccords.

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Classé dans Littérature russe

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